Frédéric-Belgique

Je m’appelle Frédéric et j’étais parmi les 300.000 manifestant-e-s à Gênes en 2001. J’ai été témoin de la violence policière et je considère que Vincenzo Vecchi et les 9 autres manifestant-e-s ne doivent pas être les boucs émissaires de cette répression d’État.
Vincenzo est sur le banc des accusés, je suis alors à ses côtés en tant que manifestant. Le droit de manifester, d’exprimer ses idées n’est pas un délit mais un droit fondamental.
Je me déclare co-inculpé, je déclare avoir manifesté et je raconte…
… des souvenirs par bribes. Gênes en 2001, c’est la suite logique d’une vague de luttes partout en Europe et ailleurs. Nous venons de Belgique, un groupe d’une dizaine. L’arrivée dans une ville qui se prépare pour un siège, avec des policiers partout. Le soir, sous les étoiles, la fête, le concert de Manu Chao. Le lendemain, première manifestation : nous sommes des dizaines, des centaines de milliers. Le long d’une voie ferrée, nous sommes bloqués. Des affrontements, les gaz lacrymogènes pleuvent sur nous. On voit des gens refluer, en courant, criant « assassini ! ». On reste, mais impossible d’avancer.
Le soir, de retour au stade où nous logeons, la tension est forte, les rumeurs gonflent. On parle de morts, d’attaques policières imminentes. Les hélicoptères tournent et tournent dans le ciel. Il faut partir, se mettre à l’abri. Mais pour aller où ? « Au centre de presse, là, nous serons en sécurité ». Nous sommes quelques-uns à marcher dans la nuit, à nous cacher sous les arbres des hélicoptères, à éviter les patrouilles ; on nous a dit – et on le sent bien – que les garde-fous ont sautés, que rien ne nous protégera si jamais…
Nous arrivons au Centre de presse. Il y a du sang sur les murs et les sacs de couchage, des larmes dans les yeux, du vide dans les regards. La police est venue, les a attaqué. Il ne faut pas rester là. Nous repartons. Nous irons finalement à la gare, où nous croisons des journalistes de la RAI, qui pleurent en racontant l’attaque du Centre de presse. Le jour, enfin. Nous manifestons à nouveau. L’air est chargé de tristesse et de colère.