ITW Radio Paris Plurielle

Interview sur Radio Paris Plurielle le 14/09/2020

Radio Paris Plurielle

Trame de l’interview

Il y a 19 ans contre sommet du G8 de Gênes les 19,20 et 21 juillet 2001… 300 000 personnes un slogan « un autre monde est possible »… Une répression féroce préméditée et organisée militairement des policiers accusés de faux/usage de faux, tortures et assassinat d’un manifestant Carlo Giuliani. La Cour des droits de l’homme, Amnesty international ont condamné  la police.

La police opéra des arrestations en masse, commit des actes de torture dans les lieux d’hébergements (école Diaz et caserne Bolzaneto, fit des centaines de blessés et un mort (le jeune Carlo Giuliani). Pour ces violences, dénoncées par Amnesty International, l’Italie fut condamnée deux fois par la Cour européenne des Droits de l’Homme. 

En 2016 le chef de la police Franco Gabrielli reconnaîtra que la police a commis des exactions et que la situation a été gérée de manière tout simplement catastrophique. « A Gênes un nombre incalculable de personnes innocentes ont subi des violences physiques et psychologiques qui les ont marqué à vie a reconnu Franco Gabrielli… si aujourd’hui encore, seize ans après c’est un motif de douleur, de rancoeur, de défiance envers la police cela signifie que la réflexion n’a pas été suffisante ».

Les policiers condamnés seront amnistiés, certains même seront promus ou recyclés dans le privé…(l’un d’entre eux serait recyclé comme chef de l’anti mafia) !

En 2012, la justice italienne condamne Vincenzo Vecchi à 12 ans et 6 mois de prison il fait partie de ceux qu’on appelle les 10 de gênes = 100 ans de peine de prison à eux 10… condamnés sous l’acte d’accusation Dévastation et Saccage (loi datant de 1930 promulguée par le ministre Rocco sous le régime fasciste de Mussolini. La simple présence sur des lieux de manifestations publiques au cours desquelles il  y a des débordements, la résistance à l’intervention de la police ou simplement le fait d’inciter par des slogans ou simplement le fait de ne pas quitter les lieux. Avec des peines allant de 8 à 15 ans.

je vous lis un extrait de l’acte d’accusation de Vincenzo : « la présence au premier rang au spectacle de l’incendie d’une voiture est un comportement décidément incompatible avec quelqu’un qui ne serait là que par simple curiosité et désigne  quelqu’un qui est là pour concourir au délit ».

 En 2016, la justice italienne émet à l’encontre de Vincenzo deux mandats d’arrêts européens (MAE), l’accumulation de ces deux M.A.E ayant pour objectif d’alourdir le dossier et de motiver l’arrestation…

 Le 8 août 2019, Vincenzo Vecchi est arrêté, en vertu de deux MAE (le deuxième pour avoir participé à une manifestation antifasciste à Milan en 2006, la manifestation fasciste n’était pas interdite…mais la contre manifestation oui !!!!!!!!), aux abords du village de Rochefort-en-Terre où il vit depuis 8 ans et immédiatement incarcéré à la prison de Rennes.

Naissance du comité le 10 août : plus de 70 personnes…choix d’avocats et recherche de la vérité sur ce qui apparaît d’emblée comme incroyable et délirant…découverte de deux faits (en discutant avec les avocats et avec Vincenzo Vecchi par leur intermédiaire) :

  • MAE de Gênes apparaît très incomplet, léger il y manque par exemple la peine définitive qui a été retouchée par la cassation de 2012.
  • MAE Milan va vite apparaître comme un mensonge délibéré : la peine a été déjà intégralement purgée depuis 2009…la justice italienne a rajouté ce Mandat pour « charger la mule » et faire apparaître Vincenzo Vecchi comme un dangereux récidiviste

Rappelons en quoi consiste un MAE : c’est une procédure de fait « administrative » entre deux états pour livrer des gens soit recherchés, soit condamnés (au début créer pour le grand banditisme et les mafieux mais aujourd’hui appliqué même pour des délits mineurs) et qui repose sur la confiance mutuelle entre procureurs des deux pays concernés. Le procureur du pays qui reçoit le MAE est obligé de croire sur parole son alter ego et n’a pas les moyens de vérifier la véracité et l’exactitude des faits incriminés.  

Le rôle du comité de soutien va permettre de pallier l’absence de double défense,  Vincenzo Vecchi n’ayant pas accès à ses avocats italiens c’est le comité qui va faire ce travail et qui va faire la lumière sur les inexactitudes, mensonges et manipulations de la justice italienne

Le 24 août la cour de rennes accepte de différer la remise de Vincenzo Vecchi aux autorités italiennes et demande à l’Italie un complément d’informations

le 10 octobre la justice italienne :

  • envoie des compléments dérisoires pour le mandat de Gênes,
  • et reconnaît sans vergogne avoir émis un mandat injustifié pour Milan « oui nous le savions bien mais nous l’avons rajouté pour que vous compreniez bien qui était Vincenzo Vecchi ».

 Le 15 novembre 2019, la cour d’appel de Rennes libère Vincenzo Vecchi au motif de l’irrégularité de la procédure d’exécution des MAE.

  • La Cour déclare enfin sans objet le MAE de Milan (la peine correspondante ayant été intégralement purgée dès 2009) mais passe sous silence la machination que constitue son émission et la déloyauté de la justice italienne vis à vis de la France.
  • Le MAE concernant Gênes est invalidé pour vice de procédure.

Le 18 novembre, le ministère public se pourvoit en cassation.

 Le 18 décembre 2019, la Cour de Cassation casse le jugement de Rennes et déplace l’affaire à Angers.

 Il est essentiel de noter que la cour d’appel de Rennes n’a jamais examiné l’ensemble des points (une dizaine) présentés par la défense et s’est arrêté au premier point, jugeant celui ci suffisant pour casser le MAE.

Notre crainte est que cela se reproduise avec la cour d’Angers et que tous les arguments developpés par la défense ne soient même pas étudiés à fond et pris en compte.

Les nombreuses inexactitudes, le fait que le dossier reste incomplet mais surtout la peine délirante et totalement disproportionnée.

L’application d’un mandat d’arrêt européen prévoit 32 cas de remise automatique et quand ce n’est pas le cas, comme pour Vincenzo, le procureur doit fournir des équivalences de délit au moment des faits. Or, au moment des faits il n’existait pas en France de loi équivalente à Dévastation et saccage.

En France une peine de plus de 12 ans de prison correspond à un crime, alors que pour Vincenzo il s’agit d’avoir participé à une manifestation.

Depuis sa libération, Vincenzo vit et travaille à Rochefort-en-Terre mais Il reste, partout en Europe, sous la menace de ces deux mandats d’arrêt européens y compris celui de Milan pourtant enfin reconnu par les deux états comme nul et non avenu.

Dès son arrestation, l’injustice flagrante que subit Vincenzo a provoqué une vive réaction dans son village et au-delà : de nombreux comités de soutien se sont donc créés, d’abord à Rochefort-en-Terre puis à Paris, Nantes, Rennes, Marseille, Brest et dans d’autres villes françaises ainsi qu’à Milan et Séville.

Plus récemment, un très actif comité s’est mis en place à Angers, dans la perspective du prochain jugement devant avoir lieu dans cette ville.

Des soutiens importants sont apportés par de nombreuses personnalités issues de la représentation nationale – députés, sénateurs et membres de la Ligue des Droits de l’Homme – qui se sont rapidement mobilisés et restent fortement mobilisés à nos côtés. Des lettres ont été notamment adressées par elles aux membres du gouvernement et au défenseur des droits. Une conférence de presse a été organisée dans les locaux de l’Assemblée nationale en janvier dernier. Actuellement une lettre ouverte à Dupont Moretti est en cours d’être signée par de nombreuses personnalités politiques.

Pourquoi faut-il défendre Vincenzo Vecchi ?

Pour que la vie de Vincenzo ne soit pas le jouet d’une transaction entre l’Italie et la France et son procès un prétexte à des messages répressifs et sécuritaires.

Pourquoi sommes-nous tous mobilisés ?

  • Vincenzo écope de 13 ans de prison pour sa participation au contre-sommet de Gênes en 2001 où des centaines de milliers de manifestants se sont rassemblés contre le G8 et pour scander « un autre monde est possible » !
  • 12 ans et demi ! C’est une peine inique, scandaleusement disproportionnée, issue d’une loi de l’ère fasciste qui permet de condamner la simple présence à une manifestation, comme s’il s’agissait d’un crime !
  • 20 ans après Gênes, la justice italienne le poursuit toujours… Vincenzo est l’objet d’un véritable acharnement judiciaire pendant que les auteurs de violences policières furent amnistiés voir promus !
  • Le mandat d’arrêt européen de Gênes à l’encontre de Vincenzo émis par l’État italien marque sa volonté de clore l’une des pages les plus sombres de son histoire récente !
  • La répression de Gênes, dans la rue et dans les tribunaux, fut un laboratoire dans le renforcement des appareils sécuritaires des Etats européens, dans un contexte actuel où les lois liberticides gagnent du terrain partout sur le continent !

TOUS ENSEMBLE, EXIGEONS SA LIBERTÉ  INCONDITIONNELLE ET LE REJET DE LA PROCÉDURE DE SON RENVOI EN ITALIE !

Vincenzo Vecchi sera rejugé par la cour d’appel d’Angers le vendredi 2 octobre mais nous attendons encore confirmation de cette date (avancée par rapport à la date initiale du 12 octobre)