Déclaration commune d’Aziliz Gouez et Maxime Picard

Communiqué de presse

Affaire Vecchi. Un acharnement qui signe une dérive sécuritaire du gouvernement

L’étrange procédure d’extradition de Vincenzo Vecchi a pris un tour kafkaien le 6 novembre dernier.  Le parquet général a décidé de se pourvoir en cassation, relançant un feuilleton judiciaire qui aurait dû prendre fin avec la décision de la cour d’appel d’Angers de ne pas livrer Vincenzo à l’Italie. La décision de cette cour d’appel est pourtant pertinente en droit : le droit pénal français ne reconnaît pas, c’est heureux, un délit aussi flou que celui du droit italien hérité de l’ère mussolinienne. Encourir 12 ans de prison pour avoir simplement pris part à une manifestation qui a dégénéré, sans qu’on puisse établir la moindre responsabilité personnelle de Vincenzo dans ce « dérapage », ce n’est pas imaginable dans notre pays.

Rappelons tout de même que la manifestation contre le Sommet de Gênes en 2001 fit une victime, morte sous les balles des carabinieri. Les forces de l’ordre italiennes furent condamnées pour tortures par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui a aussi épinglé l’humiliation des femmes, pendant de longues heures, dans la caserne de Bolzaneto.

Que l’État italien cherche à faire oublier ce sinistre épisode est une chose, que la procédure d’extradition de Vincenzo ait été relancée par Matteo Salvini n’est pas anodin, mais que le gouvernement français, celui-là même qui prétend être un rempart des libertés démocratiques face aux assauts des populistes, se soit livré à une chasse préventive aux anciens activistes « altermondialistes », c’est autre chose et cela nous choque profondément.

Vincenzo est arrivé dans le pays de Rochefort-en-Terre il y a presque 10 ans. Il est le salarié tranquille d’une petite SCOP d’éco-construction. Un ouvrier maçon qui vit sur notre territoire, où il a beaucoup d’amis. Il a été arrêté l’année dernière par un commando d’intervention des forces de l’ordre. Tout ceci est hors de proportion. Car l’outil essentiel de coopération européenne qu’est le Mandat d’Arrêt Européen doit servir à combattre le terrorisme et la criminalité organisée à l’échelle transnationale, et non les militants altermondialistes établis dans nos campagnes bretonnes.

Notre gouvernement, les ministres concernés, portent une lourde responsabilité dans l’acharnement juridique qui a vu le procureur se pourvoir en cassation pour accéder à la demande d’extradition de l’Italie. La Chancellerie aurait dû en rester là, tant la décision de la cour d’appel d’Angers s’est inscrite dans la grande tradition du droit français et a appliqué à ce dossier ses principes fondateurs. Cet événement nous alerte sur la dérive sécuritaire de notre pays, et sur les risques que nous encourons désormais tous en matière de restrictions de libertés individuelles. »

Aziliz Gouez est conseillère municipale de Nantes et vice-présidente de Nantes-Métropole.

Maxime Picard est adjoint au maire de Questembert (56), vice-président de Questembert Communauté. Il est membre de la direction nationale du Parti Socialiste

Ils sont tous deux vice-présidents d’Ensemble Sur Nos Territoires, réseau transpartisan de citoyens de la gauche sociale et écologiste